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LA CONQUÊTE
DE LA TOISON D’OR


TRAGÉDIE


PROLOGUE[1]




DÉCORATION DU PROLOGUE.

L’heureux mariage de Sa Majesté, et la paix qu’il lui a plu donner à ses

  1. « Notre siècle a inventé une… espèce de prologue pour les pièces de machines, dit Corneille dans le Discours du poëme dramatique (voyez au tome I, p. 46 et 47), qui ne touche point au sujet, et n’est qu’une louange adroite du prince devant qui ces poëmes doivent être représentés, » et il cite comme exemples les prologues d’Andromède et de la Toison d’or. Voltaire ajoute dans la Préface qu’il a placée en tête de cette dernière pièce : « Les prologues d’Andromède et de la Toison d’or, où Louis XIV était loué, servirent ensuite de modèle à tous les prologues de Quinault, et ce fut une coutume indispensable de faire l’éloge du Roi à la tête de tous les opéras, comme dans les discours à l’Académie française. Il y a de grandes beautés dans le prologue de la Toison d’or. Ces vers surtout, que dit la France personnifiée, plurent à tout le monde :

    À vaincre tant de fois mes forces s’affoiblissent :
    L’État est florissant, mais les peuples gémissent ;
    Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits,
    Et la gloire du trône accable les sujets.

    Longtemps après, il arriva, sur la fin du règne de Louis XIV, que cette pièce ayant disparu du théâtre, et n’étant lue tout au plus