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console la France sur les menaces qu’il lui a faites, et voici ce qu’elle lui en dit :

En vain à tes soupirs il est inexorable[1]
..............
Quelques autres efforts que pour rompre mes chaînes
L’univers ait vu faire aux plus puissantes mains,
Le succès va montrer qu’après toutes leurs peines,
Des Astres irrités les aspects inhumains
Vouloient pour s’adoucir la pourpre des Romains,
Et ce que leur courroux à tant d’efforts enlève,
Ton fameux cardinal l’achève.
Vois cette âme intrépide, à qui tu dois l’honneur
D’avoir eu la Victoire en tous lieux pour compagne,
Avec le grand Démon d’Espagne,
De l’un et l’autre État concerter le bonheur.
Ce dieu même qu’attend ma longue impatience[2]

Comme elle achève de parler, l’Hyménée se présente, couronné de fleurs, portant en sa main droite un dard semé de lis et de roses, et en la gauche un bouclier, sur lequel est le portrait de la Reine. À la vue de ce portrait, la Discorde et l’Envie trébuchent dans les enfers, et les chaînes qui tenoient la Paix prisonnière lui tombent des mains. Se voyant libre, elle prie ce dieu d’achever ses grâces, et de la faire descendre en terre, où les peuples la souhaitent avec tant de passion. L’Hyménée commande aux Amours, ses ministres, de prêter leurs ailes à l’un et à l’autre pour exécuter ce dessein ; et soudain quatre Amours viennent à eux, qui les apportent en terre, et revolent aussitôt au ciel, premièrement de droit fil tous quatre ensemble, et puis en se séparant deux à deux par un mouvement oblique, et se retirant au même lieu d’où ils sont descendus.

  1. Voyez p. 268. — Quant aux onze vers qui suivent, ils ne se trouvent que dans les Desseins : voyez ci-dessus, p. 229.
  2. Voyez p. 260.