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Pour jouer, comme une merveille,
Le Jason de Monsieur Corneille.

Dans le numéro du 19 février suivant, le même journaliste fait ainsi le compte rendu de la première représentation, qui avait eu lieu quelques jours auparavant :

La conquête de la Toison
Que fit jadis défunt Jason,
Pièce infiniment excellente,
Enfin, dit-on, se représente
Au Jeu de paume du Marais,
Avec de grandissimes frais.
Cette pièce du grand Corneille,
Propre pour l’œil et pour l’oreille,
Est maintenant en vérité
La merveille de la Cité,
Par ses scènes toutes divines,
Par ses surprenantes machines,
Par ses concerts délicieux,
Par le brillant aspect des Dieux,
Par des incidents mémorables,
Par cent ornements admirables,
Dont Sourdiac (sic), marquis normand,
Pour rendre le tout plus charmant,
Et montrer sa magnificence,
A fait l’excessive dépense,
Et si splendide, sur ma foi,
Qu’on diroit qu’elle vient d’un roi.
J’apprends que ce rare spectacle
Fait à plusieurs crier miracle,
Et je crois qu’au sortir de là
On ne plaindra point pour cela
Pistole ni demi-pistole,
Je vous en donne ma parole.
Ô Corneille, charmant auteur.
Du Parnasse excellent docteur,
Illustre enfant de Normandie,
N’ayant pas vu ta comédie,
Qui portera ton nom bien haut,
Je n’en parle pas comme il faut :
C’est de quoi notre simple muse
Te demande humblement excuse.
J’espère bien dans peu de jours,