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Jocaste.

C’est un conte
Dont Phorbas au retour voulut cacher sa honte.
Une main seule, hélas ! Fit ces funestes coups,
Et par votre rapport, ils partirent de vous.


Phorbas.

J’en fus presque sans vie un peu plus d’une année.
Avant ma guérison on vit votre hyménée.
Je guéris ; et mon cœur, en secret mutiné
De connaître quel roi vous nous aviez donné,
S’imposa cet exil dans un séjour champêtre,
Attendant que le ciel me fît un autre maître.


Thésée.

Seigneur, je suis le frère ou l’amant de Dircé ;
Et son père ou le mien, de votre main percé…


Œdipe.

Prince, je vous entends, il faut venger ce père,
Et ma perte à l’état semble être nécessaire,
Puisque de nos malheurs la fin ne se peut voir,
Si le sang de Laïus ne remplit son devoir.
C’est ce que Tirésie avait voulu me dire.
Mais ce reste du jour souffrez que je respire :
Le plus sévère honneur ne saurait murmurer
De ce peu de moments que j’ose différer ;
Et ce coup surprenant permet à votre haine
De faire cette grâce aux larmes de la reine.


Thésée.

Nous nous verrons demain, seigneur, et résoudrons…


Œdipe.

Quand il en sera temps, prince, nous répondrons ;
Et s’il faut, après tout, qu’un grand crime s’efface
Par le sang que Laïus a transmis à sa race,
Peut-être aurez-vous peine à reprendre son rang,
Qu’il ne vous ait coûté quelque peu de ce sang.