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Dans le temple d’élide offrir quelques présents.
Ainsi chacun des deux connaît l’autre au visage,
Sans s’être l’un à l’autre expliqués davantage.
Il a bien su de lui que ce fils conservé
Respire encor le jour dans un rang élevé ;
Mais je demande en vain qu’à mes yeux il le montre,
À moins que ce vieillard avec lui se rencontre.
Si Phaedime après lui vous eut en son pouvoir,
De cet inconnu même il put vous recevoir,
Et voyant à Trézène une mère affligée
De la perte du fils qu’elle avait eu d’Aegée,
Vous offrir en sa place, elle vous accepter.
Tout ce qui sur ce point pourrait faire douter,
C’est qu’il vous a souffert dans une flamme inceste,
Et n’a parlé de rien qu’en mourant de la peste.
Mais d’ailleurs Tirésie a dit que dans ce jour
Nous pourrons voir ce prince, et qu’il vit dans la cour ;
Quelques moments après on vous a vu paraître :
Ainsi vous pouvez l’être, et pouvez ne pas l’être.
Passons outre. À Phorbas ajouteriez-vous foi ?
S’il n’a pas vu mon fils, il vit la mort du roi,
Il connaît l’assassin : voulez-vous qu’il vous voie ?


Thésée.

Je le verrai, madame, et l’attends avec joie,
Sûr, comme je l’ai dit, qu’il n’est point de malheurs
Qui m’eussent pu réduire à suivre des voleurs.


Jocaste.

Ne vous assurez point sur cette conjecture,
Et souffrez qu’elle cède à la vérité pure.
Honteux qu’un homme seul eût triomphé de trois,
Qu’il en eût tué deux et mis l’autre aux abois,