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qu’une fois d’après Voltaire[1], que deux suivant la plus commune opinion.

Cette pièce forme un volume in-12 de 6 feuillets et 71 pages, qui a pour titre : Perthrarite, Roy des Lombards, tragédie. À Rouen, chez Laurens Maurry, près le Palais. Auec priuilege du Roy. M.DC.LIII. Et se vend à Paris, chez Guillaume de Luyne, au Palais.

Dans l’avis Au lecteur, Corneille se montre tout prêt à renoncer au théâtre ; nous verrons dans la Notice d’Œdipe quelles furent les circonstances qui changèrent ses dispositions.



AU LECTEUR[2].


La mauvaise réception que le public a faite à cet ouvrage m’avertit qu’il est temps que je sonne la retraite, et que des préceptes de mon Horace je ne songe plus à pratiquer que celui-ci :


Solve senescentem mature sanus equum, ne
Peccet ad extremum ridendus et ilia ducat[3].


Il vaut mieux que je prenne congé de moi-même que d’attendre qu’on me le donne tout à fait ; et il est juste qu’après vingt années de travail, je commence à m’apercevoir que je deviens trop vieux pour être encore à la mode. J’en remporte cette satisfaction, que je laisse le théâtre françois en meilleur état que je ne l’ai trouvé, et du côté de l’art et du côté des mœurs : les grands génies qui lui ont prêté leurs veilles de mon temps y ont

  1. Voyez le commencement de sa préface de Pertharite.
  2. Cet avis Au lecteur, ainsi que les deux extraits qui le suivent, n’est que dans les éditions antérieures à 1660.
  3. Épîtres, livre I, épître i, vers 8 et 9. — « Sois sage et dételle à temps ton coursier qui vieillit, de peur qu’à la fin il ne fasse une chute ridicule et ne batte piteusement du flanc. »