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ACTE III


Scène première

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Dircé.

Impitoyable soif de gloire,
Dont l’aveugle et noble transport
Me fait précipiter ma mort
Pour faire vivre ma mémoire,
Arrête pour quelques moments
Les impétueux sentiments
De cette inexorable envie,
Et souffre qu’en ce triste et favorable jour,
Avant que te donner ma vie,
Je donne un soupir à l’amour.
Ne crains pas qu’une ardeur si belle
Ose te disputer un cœur
Qui de ton illustre rigueur
Est l’esclave le plus fidèle.
Ce regard tremblant et confus,
Qu’attire un bien qu’il n’attend plus,
N’empêche pas qu’il ne se dompte.
Il est vrai qu’il murmure, et se dompte à regret ;
Mais s’il m’en faut rougir de honte,
Je n’en rougirai qu’en secret.
L’éclat de cette renommée
Qu’assure un si brillant trépas
Perd la moitié de ses appas