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Hélas ! Sur le chemin il fut assassiné.
Ainsi se vit pour moi son destin terminé ;
Ainsi j’en fus la cause.


Mégare.

Oui, mais trop innocente
Pour vous faire un supplice où la raison consente ;
Et jamais des tyrans les plus barbares lois…


Dircé.

Mégare, tu sais mal ce que l’on doit aux rois.
Un sang si précieux ne saurait se répandre
Qu’à l’innocente cause on n’ait droit de s’en prendre ;
Et de quelque façon que finisse leur sort,
On n’est point innocent quand on cause leur mort.
C’est ce crime impuni qui demande un supplice ;
C’est par là que mon père a part au sacrifice ;
C’est ainsi qu’un trépas qui me comble d’honneur
Assure sa vengeance et fait votre bonheur,
Et que tout l’avenir chérira la mémoire
D’un châtiment si juste où brille tant de gloire.



Scène IV

.

Dircé.

Mais que vois-je ? Ah ! Seigneur, quels que soient vos ennuis,
Que venez-vous me dire en l’état où je suis ?


Thésée.

Je viens prendre de vous l’ordre qu’il me faut suivre ;
Mourir, s’il faut mourir, et vivre, s’il faut vivre.


Dircé.

Ne perdez point d’efforts à m’arrêter au jour :
Laissez faire l’honneur.