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Elle est toujours sacrée et toujours adorable ;
Mais ils ne sont jamais esclaves de leur voix,
Et le plus puissant roi doit quelque chose aux rois.
Retirer sa parole à leur juste prière,
C’est honorer en eux son propre caractère ;
Et si le prince Aemon ose encor vous parler,
Vous lui pouvez offrir de quoi se consoler.


Œdipe.

Quoi ? Prince, quand les dieux tiennent en main leur foudre,
Qu’ils ont le bras levé pour nous réduire en poudre,
J’oserai violer un serment solennel,
Dont j’ai pris à témoin leur pouvoir éternel ?


Thésée.

C’est pour un grand monarque un peu bien du scrupule.


Œdipe.

C’est en votre faveur être un peu bien crédule
De présumer qu’un roi, pour contenter vos yeux,
Veuille pour ennemis les hommes et les dieux.


Thésée.

Je n’ai qu’un mot à dire après un si grand zèle :
Quand vous donnez Dircé, Dircé se donne-t-elle ?


Œdipe.

Elle sait son devoir.


Thésée.

Savez-vous quel il est ?


Œdipe.

L’aurait-elle réglé suivant votre intérêt ?
À me désobéir l’auriez-vous résolue ?


Thésée.