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1750Et par mes compagnons soudain environnés,
Acceptent la plupart ce qu’on leur facilite,
Et s’écartent sans bruit de ce faux Pertharite.
Lui, que l’ordre reçu nous forçoit d’épargner
Jusqu’à baisser l’épée et le trop dédaigner,
1755S’ouvre en son désespoir parmi nous un passage,
Jusque sur notre chef pousse toute sa rage,
Et lui plonge trois fois un poignard dans le sein,
Avant qu’aucun de nous ait pu voir son dessein.
Nos bras étaient levés pour l’en punir sur l’heure ;
1760Mais le duc par nos mains ne consent pas qu’il meure,
Et son dernier soupir est un ordre nouveau
De garder tout son sang à celle d’un bourreau.
Ainsi ce fugitif retombe dans sa chaîne,
Et vous pouvez, Seigneur, ordonner de sa peine :
Le voici.

GRIMOALD.

1765Le voici.Quel combat pour la seconde fois !


Scène V.

PERTHARITE, GRIMOALD, RODELINDE, ÉDÜIGE, UNULPHE, Soldats.
PERTHARITE.

Tu me revois, tyran qui méconnois les rois ;
Et j’ai payé pour toi d’un si rare service
Celui qui rend ma tête à ta fausse justice.
Pleure, pleure ce bras qui t’a si bien servi ;
1770Pleure ce bon sujet que le mien t’a ravi[1].

  1. Var. [Pleure ce bon sujet que le mien t’a ravi.]
    Garibalde n’est plus, et j’ai vu cet infâme
    Aux pieds de son vrai roi vomir le sang et l’âme.

    GRIM. Garibalde n’est plus ! ah, justice des cieux !