ACTE V.
Scène première.
Quoi ? Grimoald s’obstine à perdre ainsi mon frère !
D’imposture et de fourbe il traite sa misère[1] !
Et feignant de me rendre et son cœur et sa foi,
Il n’a point d’yeux pour lui ni d’oreilles pour moi !
Madame, n’accusez que le duc qui l’obsède :
Le mal, s’il en est cru, deviendra sans remède ;
Et si le Roi suivoit ses conseils violents,
Vous n’en verriez déjà que des effets sanglants.
Jadis pour Grimoald il quitta Pertharite ;
Et s’il le laisse vivre, il craint ce qu’il mérite.
Ajoutez qu’il vous aime, et veut par tous moyens
Rattacher ce vainqueur à ses derniers liens ;
Que Rodelinde à lui, par amour ou par force,
Assure entre vous deux un éternel divorce ;
Et s’il peut une fois jusque-là l’irriter,
Par force ou par amour il croit vous emporter.
Mais vous n’avez, Madame, aucun sujet de crainte ;
Ce héros est à vous sans réserve et sans feinte,
Et…
- ↑ Var. D’imposteur et de fourbe il traite sa misère ! (1653-56)