dicace adressée « À noble et vertueuse dame Françoise d’Averton, » l’auteur nous apprenne qu’il n’agit que pour remplir les ordres de cette sainte personne, et qu’il n’a eu « d’autre but que l’honneur de la gloire de Dieu, » on trouve dans son ouvrage des scènes que nous n’oserions citer, et dont l’Argument placé dans l’Appendice qui suit Théodore donnera une idée plus que suffisante. Cette tragédie, imprimée à Rouen par David du Petit Val, en 1615, forme un volume in-12 ; Pierre Troterel, sieur d’Aves, qui en est l’auteur, n’a pas composé moins d’une dizaine de pièces, dont la dernière est de 1627. On ne sait presque rien sur lui, mais dans l’épigramme suivante il nous a appris lui-même qu’il était Normand[1] :
Il faut, lecteur, que je te die
Que je demeure en Normandie,
Le lieu de ma nativité
Est près Falaise, du côté
Où le soleil commence à luire,
À l’opposite du zéphire.
Il semble bien difficile que Corneille n’ait pas entendu parler de lui et n’ait pas connu son Agnès[2] ; peut-être y a-t-il puisé la malheureuse idée de mettre en scène une vierge chrétienne condamnée à la prostitution ; en tout cas, il n’y a pas pris autre chose, car son plan est tout différent, et le détail que sous allons rappeler, le seul qui puisse donner lieu à un rapprochement, se présente assez naturellement pour qu’il soit inutile de supposer une réminiscence du pitoyable ouvrage du sieur d’Aves.
Dans la pièce de Corneille[3], Théodore dit au prince dont elle est aimée :
Un obstacle éternel à vos desirs s’oppose.
Chrétienne, et sous les lois d’un plus puissant époux…
On doit croire que l’acteur fait un geste d’étonnement qui