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sonnets signés de cette lettre : l’un, que nous n’avons nulle envie d’attribuer à notre poëte, parle d’un linot envolé qui rentre en cage de peur de faire pleurer sa maîtresse ; l’autre, d’un genre fort différent, qui ne se trouve point dans la première édition, mais qui paraît dans la réimpression de 1658, a été signalé avec beaucoup de vraisemblance par M. Lacroix comme étant de Corneille ; on le trouvera, également dans l’Appendice sous le no VI : nous avions même grande envie de l’admettre dans les Œuvres ; toutefois, quoiqu’il nous ait paru non-seulement égal, mais même supérieur à beaucoup de morceaux contenus dans les Poésies diverses, et qui sont incontestablement de Corneille ; bien qu’il soit en rapport avec la disposition d’esprit de notre poëte à cette époque, et que nous y ayons trouvé deux vers qui sont comme un souvenir de la pièce intitulée : la Poésie à la Peinture ; quoique nous reconnaissions enfin qu’il est naturel que notre auteur n’ait point voulu signer en toutes lettres une œuvre si personnelle, et, comme on le dirait aujourd’hui, si intime, nous aimons mieux être accusé d’une réserve exagérée que de courir le risque d’introduire à tort dans les Œuvres de Corneille une pièce après tout encore douteuse, et nous nous contentons, en la renvoyant à l’Appendice, comme c’est en pareil cas notre coutume, de la recommander d’une manière toute particulière à l’attention des lecteurs.

Dans la quatrième partie, non-seulement Corneille n’est pas nommé, mais il n’y a même aucune pièce qu’on ait eu l’idée de lui attribuer.

La cinquième partie, au contraire, ne contient pas moins de dix-neuf pièces signées Corneille, et que jusqu’ici les éditeurs ont toutes attribuées à Pierre. Granet, il est vrai, en a supprimé quelques-unes ; mais ce n’était point parce qu’il doutait de leur authenticité : c’était, ainsi qu’il le déclare lui-même, parce qu’elles renferment « divers traits d’une galanterie trop libre[1]. » Remarquons cependant que dans le recueil de Sercy le nom de Corneille n’est jamais accompagné de prénom, ni des désignations d’aîné ou de jeune, et qu’on est en droit de se demander si un certain nombre des pièces suivies de cette

  1. Œuvres diverses, préface, folio iv, recto.