Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et toute la Comté, pour la seconde fois[1],
Rentre sous l’heureux joug du plus juste des rois.
Mais ce n’est encor rien ; et tant de murs par terre 105
N’étalent aux regards que l’essai d’une guerre
Où le manque de foi, qu’il commence à punir,
Voit le prélude affreux d’un plus rude avenir.
Généreux citoyens de cette immense ville,
À qui par ce grand roi tout commerce est facile, 110
Vous qui ne trouvez point de bords si peu connus
Où son illustre nom ne vous ait prévenus,
Si vous n’exposez point de sang pour sa victoire,
Vos cœurs, vos dons, vos vœux ont du moins cette gloire
Que votre exemple montre au reste des sujets 115
Comme il faut d’un tel prince appuyer les projets.
Plus à ses ennemis il fait craindre ses armes,

    Et bis capta tuas jacta, Burgundia, vires.
    Exigua ingentis sunt hæc præludia belli.
    Felices populi, regi jam plaudite vestro,
    Vosque parisiaci nova per commercia cives,
    Quo victor penetrat fama et velocibus armis,
    Ultra Indos, Arabesque, et arenivagos Garamantas,
    Quo vos, ingentem benefacti extendite famam.
    Nec vos officio pigeat certasse priores :
    Si belli expertes non diro occurritis hosti,
    Saltem animis, vestrisque opibus, votisque favetis.
    Hostibus incussit terrorem armatus, inermis
    Conciliare animos, vos devincire merendo
    Gestiet, et bello quondam perfunctus et armis
    Ditabit populos, defendet legibus urbes,

    même mois par la Feuillade. Gray, dont Corneille ne dit rien, mais dont il est question dans les vers de Santeul et dans ceux de du Périer, avait été pris par le duc de Navailles le 28 février.

  1. La Franche-Comté, conquise une première fois, par le Roi en personne, au commencement de 1668, avait été rendue la même année, à la paix d’Aix-la-Chapelle.