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Soupiroient de tout temps pour voir unir leurs ondes[1],
Et faire ainsi couler par un heureux penchant
Les trésors de l’aurore aux rives du couchant ;
Mais à des vœux si doux, à des flammes si belles, 5
La Nature, attachée à ses lois éternelles,
Pour obstacle invincible opposoit fièrement
Des monts et des rochers l’affreux enchaînement.
France, ton grand Roi parle, et ces rochers se fendent,
La terre ouvre son sein, les plus hauts monts descendent :10
Tout cède ; et l’eau qui suit les passages ouverts
Le fait voir tout-puissant sur la terre et les mers.


    Decrescunt montes, ultroque incilia replet
    Unda sequax, refluoque aperit commercia cursu.
    Sic præstant elementa fidem, promptoque futurum
    Obsequio agnoscunt terræque marisque potentem.

    I, Parisot, in Senatu tolosano causarum patronus.

    Granet a placé après la pièce de notre auteur une

    Traduction des vers de Corneille, par le P. Cleric *, jésuite.

    Dudum mitis Atax antrisque Garumna profundis
    Ardebant thalamo lymphas sooiare jugali,
    Scilicet ut junctis tandem feliciter undis
    Littus ad occiduum gazæ veherentur eoæ ;
    Talibus at votis ac talibus ignibus obstans,
    Æternamque sequens legem, Natura superbis
    Fluctibus objecit magnos longo ordine montes,
    Immensosque operi scopulos, rupesque cavandas.
    Gallia ! vix jussit Lodoix, et saxa dehiscunt,
    Terra sinus aperit, procumbunt vertice montes,
    Cedunt cuncta, subit defossos unda cauales,
    Terrarumque simul monstrat mariumque potentem.

     * Le P. Pierre Cleric, né à Béziers en 1622, mort à Toulouse en 1740, professa pendant vingt-deux ans la rhétorique dans cette dernière ville. Il est auteur de divers ouvrages en prose et en vers couronnés par l’Académie des Jeux Floraux.

  1. La copie de l’Arsenal donne : « pour marier leurs ondes. »