Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 
J’en connois par toi l’efficace,
Savant et pieux écrivain,
Qui jadis de ta propre main
M’as élevé sur le Parnasse.
C’étoit trop peu pour ta bonté 45
Que ma jeunesse eût profité
Des leçons que tu m’as données :
Tu portes plus loin ton amour,
Et tu veux qu’aujourd’hui mes dernières années
De tes instructions profitent à leur tour. 50

Je fus[1] ton disciple, et peut-être
Que l’heureux éclat de mes vers
Éblouit assez l’univers
Pour faire peu de honte au maître.
Par une plus sainte leçon 55
Tu m’apprends de quelle façon
Au vice on doit faire la guerre.
Puissé-je en user encor mieux !
Et comme je te dois ma gloire sur la terre,
Puissé-je te devoir un jour celle des cieux ! 60

Par son très-obligé disciple,

Pierre de Corneille.
Quod scribo et placeo, si placeo, omne tuum est[2].


  1. Je suis, dans l’édition de Granet, et, par suite, dans toutes les éditions modernes.
  2. Allusion à ce vers bien connu qui termine l’ode iii du livre IV d’Horace :
    Quod spiro et placeo, si placeo, tuum est.
    Corneille a déjà cité à la fin de l’Épitre dédicatoire d’Horace (tome III, p. 261) ce vers, précédé de trois autres, dont un est de lui.