Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des peuples soupirants et des rois enchaînés, 300
Qu’elle admiroit l’amas des afireux brigandages
D’où tiroient leurs grands noms ses plus grands personnages,
Et des fleuves domptés les simulacres vains
Qui sous des flots de bronze adoroient ses Romains ?
Il n’y fait point porter les dépouilles des villes, 305
Comme ses Marius, ses Métels, ses Émiles[1],
Et ce reste insolent d’avides conquérants,
Grands héros dans ses murs, partout ailleurs tyrans.
Il entre avec éclat, mais votre populace
Ne voit point sur son front de fast[2] ni de menace ; 310
Il entre, mais d’un air qui ravit tous les cœurs,
En père des vaincus, en maître des vainqueurs[3].
Peuples, repentez-vous de votre résistance ;
Il ramène en vos murs la joie et l’abondance ;

    Non titulos, captasque urbes, non diruta ferro
    Mœnia, non victis mœrentia flumina ripis,
    Fusaque squalenti rerum simulacra metallo ;
    At neque prædam oculis ingentem, aurique talenta,
    Spiculaque, et clypeos, ensesque, aggestaque signa,
    Et rigidis appensa ducum spolia aurea truncis,
    Ostentare labor. Veteres hæc pompa Metellos,
    Hæc Paulos deceat, Mariosve, et quotquot iniquo
    Roma duces plausu celsa ad Capitolia duxit,
    Prædatrix populorum. Alio se more videndum,
    Cultu alio gentis decuit præbere parentem.
    Ergo animos placido visus sibi subdere vultu,
    Indignaque novos formidine solvere cives.

  1. Var. Comme les Marius, les Métels, les Émiles.
    (Ruæi Carmina, 1688.)
  2. Voyez ci-dessus, p. 102, vers 6 ; tome IV, p. 75, vers 1155 ; tome VIII, p. 473, vers 4390 ; et le Lexique.
  3. Ce n’est pas ici la traduction du latin du P. de la Rue, c’est la reproduction presque textuelle d’un vers des Triomphes de Louis le Juste, qui, ainsi que nous l’avons remarqué ci-dessus, p. 108, note 3, était lui-même un souvenir d’un vers latin de Corneille.