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Par ses propres périls achète sa conquête. 250
Tel le grand saint Louis, la tige des Bourbons,
Lui-même du Soldan[1] forçoit les bataillons.
Tel son aïeul Philippe acquit le nom d’Auguste
Dans les fameux hasards d’une guerre aussi juste ;
Avec le même front, avec la même ardeur 255
Il terrassa d’Othon[2] la superbe grandeur,
Couvrit devant ses yeux la Flandre de ruines,
Et du sang allemand fit ruisseler Bovines.
Tel enfin, grand Monarque, aux campagnes d’Yvry,
Tel en mille autres lieux l’invincible Henry, 260
De la Ligue obstinée enfonçant les cohortes,
Te conquit de sa main le sceptre que tu portes[3].
Vous, ses premiers sujets, qu’attache à son côté
La splendeur de la race ou de la dignité,
Vous, dignes commandants, vous, dextres aguerries, 265
Troupes aux champs de Mars dès le berceau nourries,

    Mercarique tuas proprio discrimine lauros :
    Hic tibi mos fuerit, Lodoice. His artibus omne
    Borbonidum genus : et generis caput, additus aris,
    Bisque Arabum quondam domitor, Lodoicus, et ingens
    Augusti titulo ac belli virtute Philippus
    Floruit. His oculis, hoc vultu, hoc impete fertur
    Suetus in adversas aciem deducere gentes,
    Oppida dum quateret Flandrorum, aut sanguine tinctus,
    Illustres faceret Germana clade Bovinas.
    Vos mihi nunc, Franci proceres, assuetaque regi
    Pectora, vos omni fortes ex ordine turmæ,

  1. Ainsi dans les éditions originales. On trouve dans le Dictionnaire françois-anglois de Cotgrave, publié en 1611, les trois formes : Soldan, souldan et soudan. Granet a mis Soudan.
  2. Othon IV, de Brunswick, empereur d’Allemagne, vaincu par Philippe Auguste à Bouvines (entre Lille et Tournai), le 27 juillet 1214.
  3. Ces quatre vers sur Henri IV sont une addition de Corneille. Il n’est pas ici parlé de lui dans la pièce latine.