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Achève, grand Monarque, achève, et pars sans crainte : 85
Si tu t’es fait un jeu de cette guerre feinte,
Accoutumé par elle à la poussière, au feu,
La véritable ailleurs ne te sera qu’un jeu.
Tes guerriers t’y suivront sans y voir rien de rude,
Combattront par plaisir, vaincront par habitude ; 90
Et la Victoire, instruite à prendre ici ta loi,
Dans les champs ennemis n’obéira qu’à toi.
L’Espagne cependant, qui voit des Pyrénées
Donner ce grand spectacle aux dames étonnées,
Loin de craindre pour soi, regarde avec mépris, 95
Dans un camp si pompeux, des guerriers si bien mis,
Tant d’habits, comme au bal, chargés de broderie,
Et parmi des canons tant de galanterie.
« Quoi ? l’on se joue en France, et ce roi si puissant
Croit m’effrayer, dit-elle, en se divertissant ? » 100

    Macte istis, Lodoice, animis, perge omine tanto
    Et tibi, et optatas Gallis portendere lauros.
    Nunc veteres pompas ludorum in prælia mutas,
    Et rigidum inducis læta in spectacula Martem :
    Mox quoque cum fines Morinos, et Nervia vero
    Mœnia Marte petes, fortemque urgebis Iberum,
    Sic bellum tibi ludus erit, facilesque sequetur,
    Quo tuleris te cumque, comes victoria nutus.
    Audiit ex alto Pyrenes vertice festos
    Ludentum strepitus, pompamque Hispania vidit ;
    Defixisque oculis mirata, tot horrida pilis
    Agmina, tot cristas galeis fluitare comantes,
    Tot rutilis phaleras vestesque nitere lapillis,
    Tot lætos in equis juvenes : « Et luditur, inquit ;
    Hæc sibi depositis Gallus facit otia curis. »

    Sa Majesté dans les occasions, ayant donné les ordres nécessaires pour les faire camper dans la plaine d’Ouilles, entre Maisons et ce château (de Saint-Germain-en-Laye), s’y rendit hier, accompagné de quantité de seigneurs. »