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j’ai séparé les principales matières en trois Discours, pour leur servir de préfaces. Je parle au second des conditions particulières de la tragédie, des qualités des personnes et des événements qui lui peuvent fournir de sujet, et de la manière de le traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire. Je m’explique dans le troisième sur les trois unités, d’action, de jour, et de lieu. Cette entreprise méritait une longue et très exacte étude de tous les poèmes qui nous restent de l’antiquité, et de tous ceux qui ont commenté les traités qu’Aristote et Horace ont faits de l’art poétique, ou qui en ont écrit en particulier ; mais je n’ai pu me résoudre à en prendre le loisir ; et je m’assure que beaucoup de mes lecteurs me pardonneront aisément cette paresse, et ne seront pas fâchés que je donne à des productions nouvelles le temps qu’il m’eût fallu consumer à des remarques sur celles des autres siècles. J’y fais quelques courses, et y prends des exemples quand ma mémoire m’en peut fournir. Je n’en cherche de modernes que chez moi, tant parce que je connais mieux mes ouvrages que ceux des autres, et en suis plus le maître, que parce que je ne veux pas m’exposer au péril de déplaire à ceux que je reprendrais en quelque chose, ou que je ne louerais pas assez en ce qu’ils ont fait d’excellent. J’écris sans ambition et sans esprit de contestation, je l’ai déjà dit. Je tâche de suivre toujours le sentiment d’Aristote dans les matières qu’il a traitées ; et comme peut-être je l’entends à ma mode,