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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

populaire. Les accents profondément émus sortis du cœur d’une femme ne s’adressent guère à la foule ; mais ils vont droit aux âmes délicates, faites pour les bien goûter. Cette élite de lecteurs ne manqua point aux œuvres de madame Desbordes-Valmore. Elle répondit par de vives sympathies aux sentiments si vrais, aux douleurs si intimes, dont cette poésie toute primitive était la touchante expression.

Ce ne fut pas sans un certain trouble que madame Desbordes-Valmore vit la renommée s’occuper d’elle et de ses œuvres. Cependant il lui était doux d’épancher ce qui surabondait dans son cœur ; et quel est le poëte qui ne s’enchante lui-même en reproduisant les riants tableaux qui se peignent dans son imagination ? Elle prit donc goût à la vie littéraire. Une nécessité d’ailleurs plus forte encore que ses penchants, lui faisait une loi d’un travail sans relâche qui ne finit pour ainsi dire qu’avec sa vie.

Les récompenses officielles, les palmes académiques n’ont pas manqué à madame Desbordes. En 1855, l’Académie française lui décernait un prix de 2,000 fr. pour son livre « les anges de la famille. » En 1859, peu de jours, hélas ! avant que cette mélodieuse voix s’éteignît à jamais, l’Académie lui accordait le prix de 3,000 fr. de la fondation Lambert, pour l’ensemble de son œuvre « non moins re-