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beaux yeux !… Oh !… Vendredi comprend !… Vendredi pas bête !

ROBINSON, allant s’asseoir aux pieds d’une touffe d’arbre. – La musique continue.
Le soleil fuit… l’ombre s’avance,
Va, fais rentrer les brebis dans l’enclos.
VENDREDI.
Oui… maître, et puis, à terre écouter le silence…
ROBINSON, souriant.
Le sauvage est prudent !
VENDREDI.
Le sauvage est prudent ! Ensuite, bon repos.

Il se dirige vers l’enclos et disparaît en répétant :

Il vient un jour où l’on voit un sourire,
Doux comme celui d’une fleur…
ROBINSON.
Edwige et vous tous que j’aimais…
Faudra-t-il que j’expire
Sans vous revoir jamais ?

Il s’endort l’orchestre rappelle les mélodies du premier acte, la prière, le chant des matelots.

Toby !… es-tu prêt ?… Regarde, le vent s’élève, les voiles s’enflent… il faut partir ! (Silence.) Edwige !… ne pleure pas !… Je reviendrai riche !… riche !… (Silence.) Ah ! ma mère… c’est elle !… Oui… je la vois… elle prie pour son fils… Ma voilà !… Pardonne à ton enfant… Oui… oui… c’est vous !… Vous tous que j’aimais et que j’ai quittés !… Vous me tendez les bras… Je vous presse sur mon cœur !… (Un coup de canon éloigné se fait entendre. La musique cesse. Robinson s’éveille brusquement. Il regarde autour de lui.) Ma mère !… Edwige !… hélas !… ce n’était qu’un rêve !… Pourtant, ce bruit qui m’a réveillé… ce n’était pas une illusion, je l’ai bien entendu.

VENDREDI, accourant.

Maître !… maître !…

ROBINSON.

Eh bien ! qu’y a-t-il ?

VENDREDI.

Maître !… gros tonnerre ! et puis, là bas, sur la mer… grand vaisseau !