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— VIII —

Memphis. Maspero ne devait pas faire sa troisième année à l’École Normale, grâce à un fâcheux incident dont il fut la victime et qu’on lira dans les Souvenirs de Désiré Nisard alors directeur : à la suite d’un discours prononcé au Sénat le 25 juin 1867 par Sainte-Beuve pour défendre le choix qu’avait fait la municipalité de Saint-Étienne de certains ouvrages, le Dictionnaire philosophique de Voltaire, les Confessions de J.-J. Rousseau, etc., les élèves de l’École Normale adressèrent à Sainte-Beuve une adresse qui parut dans une feuille radicale. Nisard, chargé d’instruire l’affaire, fit exclure le rédacteur de l’adresse ; ses camarades le réclamèrent ; l’école fut licenciée. Tout semblait perdu pour Maspero jeté sans ressources sur le pavé de Paris ; il n’était d’ailleurs pas le rédacteur de l’adresse ; il partit pour Montevideo s’embarquant le 25 novembre 1867 sur l’Estremadure à Bordeaux[1]. « Comme, outre l’égyptien, il avait commencé à étudier sérieusement l’arabe et le sanscrit, nous dit son camarade Marion (Grande Encyclopédie), M. Egger l’avait recommandé pour auxiliaire à M.  Vicente Fidel López, de Montevideo, qui voulait montrer que le quichua, langue péruvienne, était un dialecte sanscrit. C’est lui qui rédigea en français et publia l’ouvrage de ce savant sur les Races aryennes du Pérou. » Il m’a dit lui-même avoir songé un instant à rester en Amérique ; on lui avait offert la place de bibliothécaire de Buenos-Aires, en remplacement, je crois, de De Angelis ; il déclina également des propositions qui lui furent faites d’Italie ; il n’aurait pas

  1. Maspero en Amérique, par Henri Cordier (Journ. de la Soc. des Américanistes de Paris. N. S., XII, 1920, pp. 91-113).