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cette noblesse affranchie. Cette année-là, en 1756, elle n’a pas encore rencontré Diderot. Mais elle brûle de le connaître. « Je l’ai ouï citer quelquefois comme un homme de génie. On le met souvent à côté de Voltaire. Ses amis prétendent qu’il est infiniment plus profond. C’est surtout de son caractère qu’ils sont enthousiastes. »

Il passe, à la cour, pour un esprit turbulent, frondeur, « qui mettrait le feu aux quatre coins du royaume ». Mais cela n’effraie pas Mme d’Épinay, tout au contraire. Et son désir de l’apprivoiser est d’autant plus vif que « c’est un ours bien plus difficile à prendre que Rousseau ».

Chez le baron d’Holbach, dans ses salons de la rue Saint-Roch ou dans son château du Grandval, « où, dit Grimm, tous les gens de lettres d’une certaine réputation allaient d’amitié », Diderot était le plus choyé, le plus fêté. Dans ce milieu où brillaient tant de philosophes, on l’appelait le Philosophe.

Depuis deux ans, il habitait, au quatrième étage, rue Taranne. Lui qui n’avait fait que traverser des logis, il ne devait plus quitter cette demeure que