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pigeon blanc ni pigeon noir. Il la congédia en lui promettant qu’elle aurait bientôt la permission de voir son mari.

Cette permission tarda, bien que Diderot l’eût sollicitée de son côté dans une lettre au ministre d’Argenson. « J’ai laissé à la maison une femme désolée, un enfant au berceau. Ils ne subsistent que par moi, je leur manque. Que vont-ils devenir ? Permettez à cette femme de descendre dans ma prison. » Mme Diderot ne fut autorisée à voir son mari qu’au vingt-huitième jour de sa captivité.

Pendant le mois où il resta au secret, Diderot, pour tromper l’ennui, résolut d’écrire. Il n’avait pas de papier. Mais on lui avait laissé un volume du Paradis perdu, de Milton. Il couvrit les interlignes et les blancs de réflexions que lui inspiraient le poème et sa propre situation. Quant à la plume et l’encre, il les avait fabriquées lui-même. Et comme il pensait toujours aux autres, il voulut léguer sa recette à ses successeurs. Il inscrivit au-dessus de la porte : « On fait de l’encre avec de l’ardoise réduite en poudre très fine et du vin, et une plume avec un cure-dent. » Plus tard, on lui donna des cahiers, où