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me menace de me priver de ses conseils ; je ne sais quelle est sa bizarrerie, car je les écoute avec toute l’attention qu’ils méritent et, pourvu que je n’efface point, je suis toujours de son avis. »

Quand Mme de Puisieux volait de ses propres ailes, elle volait très bas. Ses vers étaient particulièrement médiocres. Un moment, le bruit courut qu’elle serait embastillée pour avoir écrit un libelle intitulé Le Pater. Elle se défendit d’en être l’auteur, dans un poème aussi humble d’esprit que de forme :

Jamais d’une coupable audace
À ma Muse je n’ai permis
Contre des personnes en place
De décocher des traits hardis.

Mais ne nous attardons pas davantage aux œuvres de Mme de Puisieux. Arrivons à celles que Diderot écrivit sous son influence. À la vérité, elle ne le poussait pas au travail uniquement pour qu’il affirmât son talent dans des ouvrages durables. Elle prenait à l’entreprise un intérêt plus étroit. La gloire était pour lui, les droits étaient pour elle.