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étroite dépendance. Il maigrissait et jaunissait dans sa cage dorée. Il s’en évada au bout de six mois.

Ainsi, tour à tour enseignant pour vivre et vivant pour apprendre, il menait depuis dix ans cette existence de misère et d’étude lorsqu’il découvrit ses voisines.

Les conseils de sa logeuse, au lieu de l’éloigner des deux femmes, accrurent son désir de se rapprocher d’elles. Les obstacles l’excitaient. On cite un trait de son enfance où apparaît déjà cette fougue tenace qui l’emportait, à travers les difficultés, jusqu’au bout de ses entreprises. Au collège de Langres, il se querelle avec un de ses camarades. Il est puni d’expulsion. C’est la veille de la distribution des prix. Or, il a obtenu tous ceux de sa classe. L’idée de ne pas les rapporter à ses parents lui est insupportable. À l’heure de la cérémonie, il se glisse dans la foule qui pénètre dans le collège. Le suisse l’aperçoit, le poursuit, et l’atteint au côté d’un coup de sa hallebarde. L’enfant lui échappe,