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sortir quand il la vit. Elle l’arrêta par le bras : « Ah ! le hasard, lui dit-elle, ne me servira pas si bien sans que j’en profite. » Il rentra et Mme d’Épinay assure « qu’elle n’a eu de sa vie deux heures plus agréables. »

Ces heures se renouvelèrent. Diderot, dont les préventions étaient tombées, parut au château de la Chevrette. La vie, plus calme que celle du Grandval, lui ressemblait pourtant. « Des conversations tantôt badines, tantôt sérieuses, un peu de jeu, un peu de promenade, ensemble ou séparés, beaucoup de lecture, de solitude et de repos. » Cependant les deux maisons se disputaient la présence du philosophe. Dans le milieu d’Holbach, on prétendit même malicieusement que Diderot était amoureux de Mme d’Épinay. Pure plaisanterie. Car elle vivait ouvertement avec Grimm et jamais le philosophe n’eût trompé « l’homme de son cœur ».

Si le Grandval fut le séjour préféré de Diderot, la Chevrette peut s’enorgueillir d’un rare privilège : celui d’avoir vu naître le plus célèbre roman de Diderot, La Religieuse. Ce fut la suite d’une mystification. Les amis de Mme d’Épinay déploraient