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petits pieds du monde, des yeux très émerillonnés, très fripons, même en présence de son mari, deux petits tétons qu’elle montre tant qu’elle peut, sur mon Dieu, je ne les ai pas vus. »

Mais s’il résiste à ces séductions-là, il cède à tous les autres attraits du Grandval. Et ils sont nombreux pour lui. D’abord, il en aime l’accueil chaleureux. Dans ce milieu encyclopédiste, il est fêté, choyé. Il est Le Philosophe. Quand il arrive, « on fait presque des feux de joie ». La simplicité du ton, l’absence d’étiquette, achèvent de le mettre à l’aise. Car cet homme tumultueux est timide. Il a horreur des propos mondains. « Je me suis demandé plusieurs fois pourquoi, avec un caractère doux et facile, de l’indulgence, de la gaîté et des connaissances, j’étais si peu fait pour la société. C’est qu’il est impossible que j’y sois comme avec mes amis, et que je ne sais pas cette langue froide et vide de sens qu’on parle aux indifférents ; j’y suis silencieux ou indiscret. » Quand on le présente, il balbutie. Il a avoué : « Je sais dire tout, excepté bonjour. »

Puis il aime la vie du Grandval, cette vie si sagement ordonnée, sous ses apparences de libre