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gagne les bonnes grâces de la fille. À Bourbonne, il est donc fort attentif à Mme de Prunevaux. Il lui dédie une charade en vers. Il récrit le fameux conte des Deux amis de Bourbonne, qu’elle a ébauché. Une fois de plus, ce cœur universel a cédé au besoin d’associer, de confondre ceux qu’il aime, de près ou de loin. On pouvait donc aisément s’y tromper.

Mais, à l’examen, le doute n’est pas possible. En effet, à la fin du séjour à Bourbonne, un dissentiment éclate entre le philosophe et Mme de Meaux, qui vient de distinguer un nouveau soupirant. Diderot en fait juge son ami Grimm, également lié avec les deux parties. Et, dans ses lettres à Grimm, il revient à plusieurs reprises sur l’âge de l’inconstante : « Et elle a quarante-cinq ans, et elle ne connaît ni l’amour, ni ses ombrages… Se donne-t-on ce passe-temps-là, à l’âge de quarante-cinq ans ? » Or, Mme de Prunevaux n’avait pas vingt-cinq ans. Ajoutons que, sur la nature des relations entre Mme de Meaux et le philosophe, l’hésitation non plus n’est guère permise. Diderot rappelle à Grimm « sa nullité » et cette fois très nettement : « La saison du