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ne fut pas l’amant de Sophie Volland. Car les hommes sont tellement orgueilleux de leur puissance virile, ils ont attaché tant de honte à leur déchéance prochaine, qu’en général ils en parlent le moins possible. Et il y a une personne au monde à qui ils n’en parlent pas du tout : c’est précisément leur maîtresse.

Enfin, il faut bien reconnaître que Sophie Volland devait avoir plus de séduction, de charme spirituels, que d’attraits voluptueux. « Il y a quatre ans que vous me parûtes belle », lui écrit Diderot. Mais elle lui avait paru belle parce qu’il l’aimait. Et quelques années après, il lui déclare : « Le temps, qui dépare les autres, vous embellit. » Ne montre-t-il pas par là même qu’il s’agit de beauté morale ? Car nous savons tous, hélas ! que le temps n’améliore pas la beauté physique.

Tous les biographes de Diderot ont fait allusion à la « menotte sèche » de Sophie Volland, à ses lunettes qu’elle portait avant la quarantaine. Sa santé était extrêmement délicate. « Elle payait de quinze mauvais jours un petit verre de vin et une cuisse de perdrix de trop. » Son ami la réprimande