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Plus tard : « Vous ne sauriez croire combien on a l’âme honnête quand on a cinquante ans, et avec quel courage on se refuse au plaisir qu’on n’est plus en état de goûter ! Quand une jeune femme serait disposée à m’entendre, puis-je ignorer combien j’aurais peu de chose à lui dire ?… Ah ! nous sommes tous bien sages, quand nous n’avons plus les moyens d’être fous. »

Enfin, dans une lettre à Sophie, où il feint, par badinage, de faire la cour à Mme de Blacy, « son amoureuse », il avoue : « je suis vieux, mais il est sûr qu’il n’y paraît pas ; on ne le croirait jamais, à moins que je ne révèle mon secret, ce que je ne fais pas volontiers avec les femmes que j’aime et dont je veux être aimé aussi longtemps que je pourrai leur en imposer. Mademoiselle, n’allez pas commettre cette indiscrétion-là avec mon amoureuse ; elle a, je crois, la meilleure opinion de moi ; je ne veux pas la perdre ; laissez-lui tout le mérite qu’elle peut avoir à me résister. Vous voyez bien qu’il n’est bon ni pour elle ni pour moi de savoir qu’en renonçant à moi elle ne renonce à rien. »

Ces aveux devraient suffire à montrer que Diderot