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sions, bien que Mme Diderot, en particulier pendant la détention de son mari à Vincennes, l’ait souvent retenu à sa table.

Conscient de ses torts, bon par nature, le philosophe s’efforce de rester patient sous l’orage. Il tend son dos robuste et résigné. Ne sait-il pas, d’ailleurs, que sa femme allie, à son humeur grondeuse, de solides vertus ? Ainsi, il écrit à Mme Caroillon, dont un des fils épousera Angélique : « Ma femme, quoique très bonne, très humaine, très bienfaisante, n’est pas tout à fait aussi sociable. » Et, dans une lettre à Mme Necker, à la fin de sa vie, il silhouette d’un seul trait spirituel les qualités et les défauts de Nanette : « J’ai une femme honnête que j’aime, à qui je suis cher, car qui grondera-t-elle quand je n’y serai plus ? »

Écoutez sur quel ton de sage douceur il exhorte sa femme au calme. Il vient de partir pour Langres, après la mort de son père. Il a quitté Nanette sur une querelle. Il lui écrit : « … Je tâcherai de vous montrer les choses comme elles sont, de vous préparer, à vous et à moi, la vie la plus tranquille et la plus douce. Je ne suis pas parfait ; vous n’êtes