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dustrie nationale de la mendicité n’ayant que médiocrement séduit le lazzaronisme indigène ! Nous ne la rapportons ici qu’à titre de document et parce qu’elle fait éclater une fois de plus ce goût maladif de la charge qui n’était peut-être, chez Corbière, qu’une forme de sa détresse intime devant la magnificence de l’univers. « Je suis si laid ! » gémira-t-il dans les Amours Jaunes. Les René et les Obermann, dont on a voulu le rapprocher, n’ont souffert que dans les parties nobles de leur être. C’étaient des âmes « en exil » dans des corps parfaitement constitués. Chez Corbière, au contraire, c’est l’être tout entier, corps et âme, qui souffre de son esseulement ; sa détresse morale est le réflexe de sa détresse physique. Elle n’a rien d’intellectuel — ni d’imaginaire. En est-elle moins humaine ? Je n’excuse pas Corbière ; je goûte peu sa parodie sacrilège de l’Italie romantique (Raccrocs). Artiste et poète, il aurait dû sympathiser doublement avec l’Italie sans épithète : il n’en sentit ou n’en voulut sentir, par une infirmité de sa nature, que les ridicules, la pouillerie et l’emphase, qui lui cachèrent le visage immortel de la déesse. Et, plus féru que jamais de solitude, de ciel gris et de grand