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pas dire le mot, de franchement insupportables. Pour les Amours Jaunes, comme pour Sérénade, Raccrocs, etc., le verdict de Huysmans, aggravé par M. de Gourmont, serait parfaitement acceptable en somme, s’il faisait la part plus large aux beautés de premier ordre qui étincellent dans « ce fouillis ». Du petit nègre ? Ma foi oui, ou presque. La phrase s’achoppe à tout instant ou, prodigieusement elliptique, emportée dans un vent de folie, n’est plus qu’une ruée de syllabes quelconques. On s’y perd, et l’auteur n’est peut-être pas logé à meilleures enseignes que son lecteur. Il y a chez lui un besoin visible de l’ahurir et peut-être de s’étourdir lui-même. Un cliquetis perpétuel d’antithèses, les alliances de mots les plus baroques, du charabia romantique et de l’argot de barrière, des blasphèmes et des calembours, des pirouettes et des génuflexions, que ne trouve-t-on pas dans cette première partie du recueil ?

Que n’y trouve-t-on pas en effet ? Ecoutez ceci, qui est la finale d’un sonnet « espagnol » intitulé Heures :

    J’entends comme un bruit de crécelle :
    C’est la male heure qui m’appelle.
Dans le creux des nuits tombe un glas, deux glas,