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me crient qu’ils sont rendus, et j’entends avec effroi les mots français qu’ils prononcent pour m’annoncer qu’ils ont amené. Un fanal, allumé près du dôme, me laisse voir, étendu sur les pavillons, le corps d’un officier, revêtu d’un uniforme couvert de sang. Pendant que mes matelots parcourent le navire le sabre à la main, pour faire mettre bas les armes à ceux qui restent de l’équipage ennemi, moi j’approche de l’officier mourant. Mes chiens m’avaient devancé encore, et je les retrouve léchant les plaies de l’infortuné sur la figure duquel je porte la lueur du fanal que j’ai trouvé près du dôme : ses deux yeux expirans s’entr’ouvrent et brillent à la clarté détestable qui lui laisse apercevoir mes traits. Un cri horrible s’échappe de sa