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nègre lui-même, moins la couleur de la peau ; et encore la sienne n’était-elle plus blanche. Il se rappelait à peine assez de français pour tenir une conversation un peu suivie avec moi, malgré l’intelligence naturelle dont il était doué ; et toujours les manières de singe qu’il avait contractées, revenaient dès qu’il lui prenait fantaisie de se redonner une contenance européenne.

Doyau ne savait pas lire. Sans cet inconvénient, il me confia qu’il aurait pu supplanter son bienfaiteur. Il était parvenu à discipliner cinq à six cents noirs, à la française ; mais l’armée, dont il était généralissime, n’avait que des gilets d’uniforme à l’anglaise, et n’avait ni pantalons ni souliers. Du reste, jamais je n’ai vu de soldats européens manier un