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dre une seconde fois à la vie. Cette confiance, qui donnait à son empressement à me secourir quelque chose de céleste, me la faisait regarder comme mon ange sauveur, et la pauvre Fraïda s’aperçut que désormais la reconnaissance que je devais à son amour, à son dévouement, serait partagée. Rosalie lui témoigna la plus touchante bienveillance. Mais, dès le moment où ma négresse se crut sacrifiée, elle cessa d’avoir auprès de moi cette vive gaîté que lui avait inspirée la satisfaction de m’avoir arraché à tant de dangers. Muette, presque inanimée auprès de mon lit de douleur, elle ne recevait qu’avec indifférence les marques d’intérét que Rosalie s’efforçait de lui prodiguer. Ses yeux, sans cesse fixés sur les miens, paraissaient épier toutes les