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gence, par ses signes, que j’aurais dû visiter mes esclaves, pour m’assurer qu’ils n’avaient pas emporté de poison avec eux. Bientôt je les fis venir deux à deux sur le pont, et après avoir examiné l’intérieur de leur bouche, leur chevelure, l’interstice de leurs doigts de pied, nous eûmes lieu de nous applaudir d’avoir suivi les avis de Fraïda. Quelques-uns de ces malheureux étaient parvenus à cacher, enveloppés dans les petites noix du pays, des poisons végétaux qu’ils croyaient pouvoir impunément conserver sous leur langue ou entre leurs orteils. J’avais enfin affaire à ce qu’on nomme des nègres empoisonneurs.

Sous quels terribles auspices commença ma traversée ! Les esclaves que je faisais monter alternativement sur le