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voir à mon aise la victime qu’on allait immoler. Je reconnais, dans cette malheureuse, la pauvre Fraïda. À l’indignation que je manifestai un drogman s’approcha de moi, et me dit que seul je pouvais arracher la malheureuse au supplice qu’on lui préparait.

— Parle ! que faut-il pour cela ?

— Que tu fasses un cadeau à son mari, et que tu consentes à épouser la condamnée.

— Qu’exige ce vieux nègre pour la rançon de Fraïda ?

Après avoir pris avis du prince Boulou, qui présidait aux préparatifs de l’exécution, le drogman me fait savoir que le mari se contentera de deux de mes canons, d’une provision de poudre et d’une belle paire de pistolets.

— Je n’ai à bord que six canons. Le