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vais à la main ; à la vivacité de mon geste et à l’expression de ma physionomie, les marabouts, devinant mon intention, tombent à mes pieds, et l’enfant fuit épouvanté. Frétiche ! Frétiche ! hurlent tous les assistans, et les prêtres de me jeter de l’eau pour me purifier. Un drogman m’explique que je venais de manquer d’assommer le palladium vivant du royaume, le Dieu sauveur du pays, le Frétiche enfin[1].

Ce Frétiche est un beau petit noir, que l’on prend en bas âge pour en faire un Dieu. Ses adorateurs le logent dans

  1. Tous les voyageurs écrivent Fétiche. J’ai toujours entendu les Guinéens et les négriers prononcer Frétiche ; et, comme ce sont les naturels qui ont formé ce mot, je l’écris ici de même qu’ils le prononcent.