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comme à mon ordinaire, et sans avoir l’air de faire attention à tout ce qui se passait. Ces marques extérieures d’impassibilité imposèrent aux nègres, et je prévoyais bien qu’elles devaient produire un bon effet quant à l’opinion que je voulais leur faire concevoir de moi.

La salve finie, il me fallut aller à terre dans la pirogue du Mafouc. « Ne craignez pas pour votre capitaine, dis-je à mes hommes, qui paraissaient inquiets de me voir m’éloigner seul. Ces gens-là me croient protégé par leur Grand Être : laissez courir la barque. »

Je n’eus pas le temps de débarquer à terre. Plus de cent nègres traînent la pirogue sur le rivage, et m’emportent en triomphe sur un hamac, dans lequel ils me traînent au galop vers une dune