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en courant mille et une aventures, voilà ce qu’il me faut… Quel état plus beau que le mien ! Tout l’Océan est mon domaine : d’un mot je fais trembler ou j’apaise ces hommes terribles qui m’ont confié leur sort. À terre on me regardera comme un être prodigieux ; et, libre comme ce vent qui se joue dans ma voilure, et plus indépendant encore que ces flots qui battent les flancs de ce navire, soumis à mes ordres, je ferai ma fortune en naviguant au gré de mes caprices et en attachant quelque célébrité à mon nom. Tout cela était délicieux pour mon imagination.

Les vents ne répondirent pas à mon impatience ; cependant en moins de quarante-cinq jours, après avoir été chercher les brises variables et avoir longé