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donc arraché à la mort que pour me voir lui ôter moi-même la vie ! Après tous les sacrifices qu’elle a faits pour me retrouver loin de son pays, chercher à la quitter, pour ne plus la revoir peut-être !… Cette idée m’accablait ; et pourtant je sentais que je mourrais d’ennui, si j’étais condamné à rester inactif auprès de celle que je chérissais le plus au monde.

Mon amie devina toute mon anxiété, et elle m’épargna la peine d’aborder une question si pénible pour moi : elle avait déjà pris son parti, avec une résolution dont l’amour le plus sincère peut seul donner l’exemple ; car souvent les sacrifices que s’impose l’amour sont faits avec tant de vertu, qu’on les prendrait pour de l’indifférence. Mais moi, pou-