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La traite est défendue, me dis-je, moi ; tant mieux, je la ferai, et au plaisir d’entreprendre un commerce périlleux, je joindrai le bonheur d’enfreindre la loi signée par toutes les Puissances ! Voyons ; qui veut me confier un navire ? je l’équipe des plus mauvais bandits de l’île, et avec quelques canons sur mon pont, et, pour une centaine de ballots de marchandises, je ramène aux armateurs les plus entreprenans la première cargaison de nègres.

Des habitans riches connaissaient la résolution de mon caractère et les ressources de mon esprit trafiqueur. Un vieux corsaire désarmé, ancienne capture des Anglais, pourrissait au carénage : on me l’achète. Un ancien marin, qui jadis avait été chercher des noirs à la