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et de vague qui s’accorde avec mes idées. Sans pouvoir dire enfin pourquoi tu me plais, je sens, dans l’abandon de ton cœur et dans la délicatesse un peu sauvage de ton humeur, que tu es l’homme de toute ma vie, et celui que je rêvais bien avant de te connaître. Tu ne sais pas, toi, et tu ne peux pas même savoir combien j’éprouve d’orgueil quand je te vois si généreux envers les malheureux, et si fier avec les hommes opulens ! Et tiens, quand j’ai besoin de me faire pardonner à mes propres yeux l’irrégularité de notre liaison, et l’intimité de notre amour, je pense à tout ce que tu vaux, et je me dis : « Celui que j’aime est le plus libéral comme le plus brave de tous les hommes. » C’est dans le mérite que j’ai découvert en toi, qu’est l’excuse