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pirant, et mon avenir avait été sa dernière pensée…

J’éprouvai après sa mort, pour la première fois, ce que c’est qu’une douleur de l’âme et un déchirement du cœur. Quoique si jeune encore, et malgré cette force qui me donnait tant de confiance dans mes propres ressources, je sentais que je venais de perdre une partie de moi-même, un ami que je ne remplacerais jamais. Je fus anéanti.

La nuit, ou vit dans les rues de Saint-Pierre défiler un sombre cortège, à la lueur des torches funèbres, et aux sons lamentables des cloches de la paroisse du Mouillage. Deux marins, marchant lentement, portaient, à la tête du convoi, un hamac, à l’extrémité duquel étaient