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j’avais toujours eue pour l’auteur de mes jours, il me semble que j’aurais reçu avec plus de douleur la nouvelle de la perte de ma mère. Est-ce un sentiment naturel à tous les fils, que celui qui leur fait avoir une tendresse plus vive pour leur mère, que pour leur père, ou bien ce sentiment de préférence se développe-t-il seulement à la mer chez les jeunes marins, lorsque, privés des soins affectueux dont chez eux ils étaient l’objet, ils se trouvent plus à même d’apprécier cette tendresse délicate qu’une mère a toujours pour ses enfans, et surtout pour ses garçons ? Je ne sais, mais j’ai rencontré dans ma vie bien peu de jeunes marins qui ne se rappelassent avec attendrissement leur bonne femme de mère.