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d’agir, nous montons alors notre gouvernail : aucune voile, aucun mât n’avaient été laissés dans le canot. Chacun de nous borde un aviron : nous passons près des barques de pêcheurs, en tremblant : des navires louvoient à nous ranger, et renouvellent à chaque moment notre effroi. La nuit, que notre anxiété prolonge, s’écoule lentement, mais s’écoule encore trop vite, à notre gré. C’est lorsque nous n’apercevons plus la terre, dans le nuage noir qui apesantit derrière nous l’horizon, que nous commençons à respirer avec un peu de liberté. Les rêves enchanteurs nous arrivent alors, avec l’espérance. Mouillés jusqu’aux os, n’ayant pas