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je sentais trop bien, me fit garder le silence sur le compte de ma conquête, à l’égard de laquelle ma famille avait toujours observé une réserve que je comprenais pourtant à merveille et qui m’embarrassait. Rosalie me disait que, si je ne revenais pas bientôt à Roscoff, Ivon, qui ne pouvait plus se passer de moi accourrait à Brest pour m’enlever.

Un ou deux mois d’inaction suffisent pour dévorer un jeune homme destiné, comme je l’étais, à ne vivre que sur mer et qu’avec la mer.

Les autres hommes épuisent presque toujours dans une trop grande activité les forces dont ils sont doués ; mais c’est, au contraire, par l’activité que les marins conservent les leurs.